Un scénario digne d’un film, un trésor en or unique au monde, une tension diplomatique entre la Roumaine et les Pays-Bas. Non, ce n’est pas l’histoire du « Sceptre d’Ottokar » mais bien celle de la « Couronne des Daces ». Interpol enquête, trois suspects ont été arrêtés dans le Nord de la Hollande, mais où est le trésor?
C’est un objet emblématique de l’histoire de la Roumanie et un trésor international de l’archéologie. Cette couronne royale date du Ve siècle avant JC et pèse 770 grammes d’or pur. Elle a été trouvée en 1929 par de jeunes enfants qui gardaient les vaches près de la région de Prahova, au Nord de Bucarest. Ne sachant pas la valeur historique de ce qu’ils avaient découvert, ils s’en sont servi pendant des mois comme abri pour les poules, avant qu’un négociant ne la leur rachète et l’offre à l’État roumain. Sa valeur est inestimable, bien qu’elle soit assurée pour un montant confidentiel. Les trois bracelets, en or eux aussi, sont estimés pour leur part à 4 millions d’euros. Ils représentent des serpents qui s’enroulent autour du poignet, comme des dragons.
La couronne et les bracelets volés © Musée de Drenthe
Un commando aux ordres d’un commanditaire
C’est dans la petite ville tranquille de Drenthe aux Pays-Bas que le forfait a été commis. Une exposition magnifique et exceptionnelle s’y tenait sur le thème Dacie, Empire d’Or et d’Argent dans le très beau Musée Régional de Drenthe, un ancien musée fondé en 1854 et qui n’a jamais connu pareil cambriolage et qui semblait avoir toutes les protections nécessaires. La veille de la fin de l’exposition, dans la nuit du 24 au 25 janvier 2025, vers 3h30 du matin, une explosion secoue le musée.
C’est un commando de trois personnes, manifestement bien équipé d’explosifs et sachant les manier, qui s’introduit dans le musée après en avoir pulvérisé une des entrées. La scène a été filmée par les caméras de surveillance. Le commando va droit à la couronne royale et s’empare aussi des bracelets aux dragons. Pourtant ce sont plus de 600 pièces exceptionnelles du royaume Dace provenant de 18 musées roumains qui sont exposées, mais ils ne perdent pas de temps avec tous ces objets. Probablement ont-ils agi sous les ordres d’un commanditaire. Ces pièces exceptionnellement connues sont en effet invendables sur le marché. Ils s’enfuient ensuite en voiture en direction de l’Allemagne; on la retrouvera une demie-heure plus tard, carbonisée.
Le président roumain, Klaus Iohannis, n’est pas content. Cette affaire donne du grain à moudre à ses opposants d’extrême droite en pleine campagne électorale © Wikipedia Commons
Scandale international
Devant la perte d’éléments capitaux de l’histoire de la Roumanie, le gouvernement roumain, par la voix de son premier ministre, du ministre des affaires étrangères et du président Klaus Iohannis, se sont tous exprimés pour déplorer ce fâcheux événement qui vient porter une ombre désagréable aux relations entre les deux pays. Les autorités hollandaises sont très actives pour tenter de résoudre ce mystère, secondées par Interpol qui a été appelée à la rescousse. Aux dernières nouvelles, trois suspects ont été arrêtés à Heerhugowaard près d’Amsterdam, c’est-à-dire dans la direction opposée qu’ils avaient pris lors de leur fuite. Ils refusent de collaborer à l’enquête et les objets sont toujours dans la nature.
Le directeur du musée de Drenthe, Harry Tupan, et le bourgmestre de Assen, Marco Out, s’expliquent devant la presse internationale © photo Marcel Jurian de Jong
Le directeur du musée de Drenthe, Harry Tupan, a déclaré : C’est un jour sombre pour le Drents Museum d’Assen et le Musée national d’histoire de Roumanie à Bucarest. Nous sommes profondément choqués par les événements survenus hier soir au musée. En 170 ans d’existence, aucun incident aussi grave ne s’est produit. Nous sommes également très tristes pour nos collègues de Roumanie. La police enquête, nous attendons les résultats de l’enquête. »
Si on a mis les bracelets (en or?) aux trois voleurs du commando, qui est le commanditaire, celui qui détient la fameuse couronne en or ? Tous les amateurs d’art et d’histoire souhaitent une fin heureuse à cette malheureuse affaire.
Vidéo de l’explosion diffusée par la police:
“Le tableau volé” et le marché de l’art, sujet rarement traité au cinéma
