Une incroyable immersion dans les vrais studios Harry Potter où la série de huit films a été tournée, avec les vrais lieux, les vrais costumes, les vrais décors, et plein d’explications. C’est un rêve pour tous les fans de Harry Potter, à vivre une fois dans sa vie.

J’étais à Londres pour le couronnement de Charles III, mais le vrai couronnement de mon week-end fut la visite des studios Warner où a été tournée la saga de mon sorcier préféré.

Ces studios sont immenses, et vu le prix du mètre carré dans la capitale anglaise, la compagnie Warner Bros a jugé plus futé de trouver des champs à une heure et demie au Nord de Londres et d’y bâtir des studios hollywoodiens. Nous avons donc pris un bus spécial à la gare routière de Victoria Station, qui n’a qu’une seule destination : Leavesden, où sont les gigantesques hangars jaunes de Warner.

L’ambiance est déjà dans le bus, où les enfants et les adultes déguisés sont nombreux, un petit air de train en route pour Poudlard. Des petits Harry Potter partout.

À l’arrivée on reçoit un billet avec une fourchette horaire d’entrée, nous étions une demie heure trop tôt et nous avons fait la file pour un audioguide en français, jusqu’à ce qu’on se rende compte que l’audioguide est payant. Ce n’est pas très cool, sachant qu’on a déjà déboursé 150 euros par personne pour la visite…Vu que je suis docteur en Harrypotterisme, j’ai laissé tomber l’audioguide et j’ai quitté la file. Pour patienter, j’ai commencé par la fin, c’est-à-dire la boutique de souvenirs. Et là je dois dire que je n’ai pas été déçu.

Ce n’est pas une boutique, c’est un supermarché Harry Potter ! On y trouve tout ce que vous voulez. Nommez-le et ils l’ont. Une salle entière est dédiée aux baguettes magiques, une autre aux capes, une aux habits de toutes sortes comme les écharpes et chapeaux, il y a même des choixpeaux magiques. Des pulls, des bijoux, des pins, des tasses, des porteclés, des livres, des objets de décoration, des personnages en silicone, des sacs, des peluches, des t-shirts, des coussins…Tout ça bien sûr aux couleurs des quatre maisons : Gryffondor, Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle. Une confiserie vend tous les bonbons imaginables : chocogrenouilles, bonbons explosifs, nids de limaces, gnomes au poivre, dragées surprises de Bertie Crochue, et  tant d’autres.

Enfin notre tour de visite arrive, on forme un petit groupe juste au début, après tout est libre et individuel. On passe sous un gigantesque dragon grandeur nature de la taille d’un avion, et notre groupe d’une trentaine de personnes est accueilli par des petites vidéos de témoignages de gens heureux d’être là, un peu simplets et bon-enfants, qui se termine par un mot de bienvenue de J.K. Rowling elle-même qui nous dit combien notre présence est précieuse pour elle. Tu m’étonnes, vu le prix du ticket elle peut nous remercier. Ça commence un peu platement, je trouve. Puis on nous passe un film pour nous remettre dans l’ambiance de Harry Potter, c’est sympa mais bon, je connais le pitch.

Tout à coup, de manière inattendue, l’écran de projection disparaît comme par enchantement et la magie commence. Nous sommes devant des murs immenses de cathédrale aux statues de chevaliers sculptées dans la pierre. Une impressionnante porte en bois de chêne s’ouvre à deux battants et nous entrons dans le réfectoire de Poudlard !

Incroyable sensation d’être dans le vrai réfectoire gothique des films de Harry Potter. Des centaines de bougies allumées sont suspendues dans les airs, les longues tables sans fin en bois foncé sont alignées et dressées d’assiettes en étain et de couverts de cantine. Les bancs en bois polis par des générations d’écoliers sont prêts à recevoir la prochaine rentrée des classes. Au fond de la salle se trouve l’estrade des professeurs, lieu où ils mangent assis en rang d’oignons tout en surveillant les garnements qui leur font face.

Le trône de Dumbledore, copie de celui que tous ont vu au vrai couronnement du roi Charles, est là, de même que son lutrin en forme de chouette dorée. Nous y sommes, nous sommes à Poudlard. Je ne regrette pas d’être venu. Les bougies montent et descendent au-dessus d’un vieux tabouret sur lequel repose le Choixpeau Magique. C’est la seule salle pour laquelle le temps de visite est limité mais suffisamment généreux pour s’en imprégner de manière inoubliable. Rien à voir avec les expositions Harry Potter qui circulent de par le monde. On voit la différence, ici c’est l’authentique.

On arrive ensuite dans d’immenses halles remplies d’objets liés aux tournages, et de recoins qui sont des décors réels, comme les escaliers qui bougent, les dortoirs, les chambres communes des maisons d’étudiants, tous les éléments des films. C’est dingue. On marche dans des hangars capables d’accueillir des Boeings ou des Airbus, on ne sait vers quel plateau aller, quels objets admirer. On dirait que ces salles n’ont pas de fin, et que derrière le coin ça continue. Et en fait oui, ça continue ! C’est magique, le mot est peut-être galvaudé mais il convient bien au lieu. 

Il est curieux de constater que ces plateaux de tournages communiquent et qu’une scène tournée dans un dortoir se trouve à côté du bureau de Dumbledore, ou de la cabane d’Hagrid. C’est l’aspect pratique qui a été privilégié pendant la réalisation, le résultat étant un kaléidoscope de lieux bigarrés qui se télescopent joyeusement.

Le bureau de Dumbledore justement, quel endroit magnifique ! J’en ferai volontiers mon bureau personnel. On le connaît tous, mais y entrer c’est autre chose. Baigné d’une lumière bleutée, couleur de l’intellect, il est un petit dédale de plateaux à différents niveaux de hauteur. Ce sont en fait trois salles gothiques rondes qui s’emboîtent en diminuant progressivement de taille. Il s’articule bien sûr autour d’un magnifique meuble en bois qui n’est pas sans rappeler le Resolute Desk sur lequel travaillent actuellement les présidents des Etats-Unis dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche. À côté de lui, sur un perchoir, se trouve le superbe phénix Fumseck, l’oiseau mythique qui renaît de ses cendres, symbole d’immortalité, et dont les larmes sont supposées guérir les blessures selon J.K. Rowling.

Les murs sont entièrement couverts d’un patchwork de portraits d’anciens directeurs de l’école qui ont la particularité d’avoir tous les yeux fermés. Beaucoup de ces portraits sont inspirés de véritables portraits, comme celui du tsar Ivan le Terrible par le peintre Viktor Vasnetsov qui se trouve à la Galerie Tretiakov de Moscou. Le vrai portrait a des yeux très inquiétants, finalement les yeux fermés ne sont pas plus mal et laissent espérer un regard bienveillant. 

C’est l’artiste anglaise Sally Dray qui a peint ces nombreux portraits de sorciers et sorcières qui ornent le château de Poudlard. Elle est spécialiste des portraits pour le cinéma, et son travail pour la saga Harry Potter est admirable. Dans chaque portrait elle a introduit sa touche personnelle avec un détail magique, clin d’œil à un animal fantastique ou à une sorcière sur son balai par exemple. 

Tout dans la visite rappelle l’ambiance de la (très) vieille Angleterre d’une époque élisabéthaine, on parle de l’époque d’Elisabeth I bien sûr, de la fin du XVIème siècle, pas de celle de notre contemporaine Elisabeth II. Mais les techniques modernes de tournage sont également très présentes avec les fameux écrans verts pour les effets spéciaux. Les visiteurs sont invités à essayer différentes attractions, un vol en balai dans les rues d’une ville par exemple. On vous filme et puis on rajoute les images de fond sur l’écran vert. Le résultat est très plaisant, on dirait un vrai vol en balai magique. Plus loin on joue à Harry Potter, il suffit de commander Accio ! et un balai volant vient à vous se poser dans votre main.

On découvre aussi les machines qui actionnent les éléments volants des films, la voiture volante et son saule cogneur déchaîné par exemple.

La cabane de Hagrid telle que nous la connaissons, avec des explications sur la manière de rendre Hagrid encore plus imposant à l’écran, la cuisine des Weasley dans laquelle on voit les instruments travailler tout seuls, la salle commune des Serpentard, l’incroyable atrium du Ministère de la Magie de Londres qui a été construit grandeur nature, la salle des potions de Poudlard, tout est là, tout est beau. On sent le souci du détail, la volonté que cela fasse vrai. C’est du travail d’artiste. 

Il y a aussi des scènes terribles comme cette réunion de sorciers autour de Voldemort, une malheureuse flottant au-dessus de la table par un sortilège de Wingardium Leviosa. Un grand serpent s’approche d’elle, à l’invitation de Celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom, qui lui susurre en anglais: « Nagini, Dinner ! »

Mais voici que je me retrouve devant d’immenses grilles en fer forgé flanquées de deux grandes colonnes surmontées d’animaux fantastiques ailés et redoutables : c’est l’entrée de la Forêt Interdite. Si c’est interdit c’est donc qu’il faut y aller, n’est-ce pas ?

Merveilleux endroit que cette forêt, sombre et inquiétante, aux arbres centenaires qui projettent au clair de lune des ombres menaçantes envers les inconscients qui s’y aventurent. À un détour du chemin on rencontre Buck l’hippogriffe plus vrai que nature qui penche son cou vers vous en clignant d’un œil noir pénétrant. Plus loin, des toiles d’araignées deviennent nombreuses et on tombe immanquablement sur Aragog, le roi des araignées, aux yeux vitreux et au poil grisonnant. Nous préférons nous éloigner.

Si la plupart des scènes de forêt ont été tournées dans le Black Park dans le Buckinghamshire, d’autres l’ont été en studio avec ces arbres sculptés dont les troncs font près de cinq mètres de haut. 

On arrive ensuite dans une véritable gare reconstituée, plus vraie que nature, où nous attend un véritable train que prend Harry Potter, le Poudlard Express. C’est un vrai train, les quais, les rails, tout est construit en dur. Dans la gare il y a une buvette, à nouveau un magasin de souvenirs (évidemment, business is business) au loin on voit des immeubles et des tours, on se croirait à Londres dans une authentique construction du XIXème siècle alors que derrière le mur il n’y a que des champs à perte de vue. Tout le monde veut monter dans le train, c’est le seul endroit où l’on fait la file, car le plaisir est de se faire photographier et ça dure un peu. Les Anglais sont polis et patients, ils attendent que vous ayez enfin pris le bon cliché. Certaines scènes sont reconstituées dans les compartiments. 

On sort enfin à l’air libre, mais ce n’est pas fini.

Dans une grande cour extérieure se trouvent des constructions en bois de taille réelles qui ont servi aux tournages comme un grand pont en bois pour accéder à Poudlard, la maison toute de travers des Weasley, et surtout la maison des oncle et tante de Harry Potter du 4 Privet Drive. Il faut y rentrer pour voir la célèbre chambre sous l’escalier, le salon kitsch dans lequel des centaines de lettres tournoient, la salle à manger dans laquelle Marjorie Dursley gonfle démesurément, que du bonheur. 

Puis viennent les salles de maquillage et des effets spéciaux dans lesquelles on nous explique comment fonctionnent toutes ces merveilles.  C’est techniquement intéressant mais je préfère personnellement garder le mystère autour de ces techniques car j’aime être étonné et ne pas connaître les ficelles qu’il y a derrière.

Un grand moment c’est la visite de la Banque Gringotts, la banque des sorciers. Ils ont reconstitué une véritable banque du XIXème siècle en studio. Colonnes en marbre et marbres au sol, longs comptoirs aux guichets tenus par des gobelins antiques et sérieux assis sur des sièges hauts, lustres brillants de mille feux et lampes de bureau sphériques, rien n’y manque. Le coffre magique est impressionnant et ce qu’on y voit l’est encore plus. Tous les trésors y scintillent comme dans la caverne d’Ali Baba. On peut se photographier avec le trésor mais pas l’emporter.

N’oubliez pas l’avertissement à l’entrée de la banque : 

Entre ici étranger si tel est ton désir 
Mais à l’appât du gain, renonce à obéir, 
Car celui qui veut prendre et ne veut pas gagner, 
De sa cupidité, le prix devra payer. 
Si tu veux t’emparer, en ce lieu souterrain, 
D’un trésor convoité qui jamais ne fut tien, 
Voleur tu trouveras, en guise de richesse,
Le juste châtiment de ta folle hardiesse.

Très impressionnante est la salle suivante. On se retrouve comme par enchantement dans la même salle des guichets de Gringotts, mais complètement détruite ! Au milieu des gravats, des colonnes renversées à même le sol, de la fumée et de la poussière, un bruit de pas lourds se fait entendre. Les pas se rapprochent, de plus en plus lourds, tout tremble. Que va-t-il se passer ? Un dragon apparaît, qui vous cherche et qui renifle, menaçant.

Brusquement il crache le feu, un feu de l’Enfer qui se répand sur les ruines fumantes des marbres renversés dans votre direction. C’est saisissant. Je pense que pour les enfants ça doit même être effrayant. Que du bonheur !

Nous ressortons bousculés par cette vision d’Apocalypse pour nous retrouver sur le fameux Chemin de Traverse, et c’est normal car c’est là que se trouve la banque avec sa façade blanche et son entrée aux colonnes de travers. C’est une véritable rue qui a été construite, avec ses boutiques bien connues des amateurs de la série. C’est un bonheur de pouvoir y déambuler comme notre héros.

La visite se termine par une incroyable maquette du château de Poudlard, gigantesque, le genre de maquette que j’aurais rêvé d’avoir quand j’étais enfant. Elle est plus grande qu’un terrain de tennis, et on peut en faire le tour complet pour l’admirer de tous les côtés. Elle a servi pour tous les films. 

Notre visite chez Harry Potter a duré 5 heures ce qui peut sembler long mais en fait nous n’avons pas vu le temps passer. Si vous êtes des passionnés de la saga je vous conseillerais plutôt d’arriver le matin et d’y passer une journée complète de 8 heures, il y a des restaurants sur place pour vous permettre des pauses. Je dois dire avoir manqué de temps à la fin car je voulais tout voir en détail mais le bus du retour nous attendait et nous ne voulions rater notre portoloin et nous retrouver à pieds au milieu de nulle part. Même si le ticket pour les Studios Harry Potter est cher j’estime que cela en valait la peine et je ne peux que vous le conseiller à mon tour.

Bon amusement !