« Exil » le premier roman de Sacha Tolstoï, descendant du grand Léon
Un roman sur les difficultés de l’exil, un sujet d’actualité. Sacha Tolstoï nous emmène dans une fresque épique sur un siècle, de la Russie à l’Argentine, en passant par l’Europe en guerre.
Nous avons eu la chance d’interviewer l’auteur, Sacha Tolstoï. Âgé de 86 ans, il est l’arrière-petit-fils de l’écrivain Léon Tolstoï, le célèbre auteur de Guerre et Paix. Officier de la Légion étrangère pendant la Guerre d’Algérie, il a été tour à tour, cadre supérieur aux Galeries Lafayette, puis Président du Big Game Fishing Club de France, une fonction qui lui a permis de voyager dans 80 pays à la recherche des plus gros poissons de la planète.
Sacha Tolstoï en est à son 36ème ouvrage © Sacha Tolstoï
Vous avez déjà écrit 35 livres, mais « Exil » est le premier disponible pour le public. Pourquoi ?
« C’est exact. Plusieurs de mes livres ont été traduits en espagnol et sont disponibles dans cette langue, mais c’est le premier que je mets en vente en français. Je n’ai pas voulu recourir précédemment à des maisons d’édition et mettre mes ouvrages en librairie en raison du nom que je porte. Je n’aurais pas voulu que mon arrière-grand-père se retournât dans sa tombe. En vérité c’est mon premier roman. Tout ce que j’ai écrit auparavant ce sont des récits, des chroniques, des contes, des nouvelles. Je les ai publiées à compte d’auteur pour ma famille et mes amis. Ma fille travaille comme directrice chez Gallimard, jamais je n’aurai essayé de passer par elle, et en même temps, pour moi, c’était Gallimard ou rien ! Donc je me suis longtemps abstenu.
L’auteur, Sacha Tolstoï © Sacha Tolstoï
J’ai décidé de sauter le pas en raison du grand travail qu’un roman nécessite, trois ou quatre ans pour celui-ci. Une chronique c’est court, je l’écris facilement. Mais un roman c’est autre chose ! Il faut être un architecte, ce que je ne suis pas. J’ai écrit beaucoup de livres de pêche par exemple, car la pêche était mon métier, sans que ce soit de la littérature. Je ne me considère pas comme un écrivain de métier mais je veux, avant de quitter ce monde, laisser une trace forte de ce qu’a été ma famille et ce qu’elle a représenté pour moi, notamment par ce grand thème hélas d’actualité : l’exil.
L’exode des Russes Blancs de Crimée en 1920 © DR
Certaines personnes restent repliées sur elles-mêmes et fermées aux autres, alors que nombre d’entre nous sommes des exilés en fin de compte. À la mort de ma femme, je me suis exilé en Uruguay pendant dix-sept ans. La vie est faite de cycles, les miens durent une vingtaine d’années, au bout desquelles j’aime changer de métier, ou de lieu de résidence. Je me suis lancé dans ce roman pour retrouver les souvenirs de notre famille au sens large qui a vécu l’exode. Beaucoup de mes personnages ressemblent à des oncles, des grands-oncles, des parents, une horde de gens que j’ai personnellement connus ou dont on m’a parlé.
Sacha Tolstoï à Paris © photo Grégoire Tolstoï
Les Gontcharov, les héros de mon roman, sont inspirés de la famille du côté de ma mère, les Wyrouboff. Comme Léon Tolstoï qui s’inspirait de son entourage et de sa famille pour ses grands romans, je suis aussi un voleur d’images, ou à tout le moins un emprunteur. J’ai connu personnellement certains des personnages qui apparaissent dans mon livre, comme le prince Andronikof, le peintre Balthus, le chauffeur Roger. Mon personnage Dimitri c’est une peu mon grand-oncle Vassia Wyrouboff. Ma tante Marie Wyrouboff a épousé un prince russe qui s’appelait Gortchakoff, c’est devenu « Gontcharov » chez moi. Il y a un peu de tout dans ce roman, de ces différentes familles, et de moi-même bien sûr. C’est un maelström familial.
Mettre un point final à un livre est toujours difficile. Des amis lecteurs m’ont affirmé que l’ouvrage était prêt à être mis dans des mains étrangères, je l’ai donc laissé aller en liberté. J’ai aussi publié récemment, toujours chez Librinova, un livre de contes autour du thème de la séduction, intitulé « Concupiscence ». La séduction est un élément primordial de notre vie terrestre, et nous ne sommes que des humains, après tout. »
Vous pouvez acheter « Exil » et « Concupiscence » sur le site de Librinova ici.
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