Niché au cœur de la Hongrie, le château de Sarvar, également connu sous le nom de château Nadasdy, est un édifice emblématique qui témoigne de siècles d’histoire, de légendes et de mystères. Cet article explore l’histoire fascinante du château, la lignée des Nadasdy, ainsi que la figure énigmatique de la comtesse Elisabeth Bathory, épouse Nadasdy.

Le vieux château de Sarvar

Le château de Sarvar, construit au XVIe siècle, s’élève majestueusement dans la ville du même nom, située dans l’ouest de la Hongrie. Initialement édifié en tant que forteresse, le château a été conçu pour défendre la région contre les invasions ottomanes. Son architecture est typique des châteaux de la Renaissance, avec des éléments défensifs tels que des murs épais, des tours et des fossés.

Le château de Sardar a gardé ses antiques défenses © Photo Grégoire Tolstoï

La première mention écrite du château date de 1540, lorsqu’il est propriété de la famille Nadasdy. Au fil des siècles, le château a subi plusieurs transformations et rénovations, adaptant son architecture aux besoins de ses occupants. C’est au XVIIe siècle que le château atteint son apogée, sous la direction de la famille Nadasdy. À cette époque, il devient un centre culturel et politique majeur, attirant des personnalités influentes et des artistes de renom.

Capitaine baron Ferenc Vetsera (1872-1915), tué au combat le 22 octobre 1915. Il est le frère de Mary Vetsera, la maîtresse de l’archiduc Rodolphe d’Autriche, tous deux assassinés à Mayerling en 1889. Un des nombreux portraits exposés au château © Photo Grégoire Tolstoï

En 1683, lors du siège de Vienne, le château de Sarvar est le théâtre d’affrontements qui le laissent partiellement endommagé. Cependant, les Nadasdy parviennent à restaurer l’édifice, qui continue à jouer un rôle important dans la région. Avec le temps, le château perd peu à peu son statut de forteresse, pour devenir une résidence aristocratique.

Le prince Franz de Bavière (1875-1957), dernier propriétaire privé du château de Sardar © Wikipedia Commons

Les derniers propriétaires en furent les rois de Bavière. C’est dans ce château qu’est décédé le dernier roi de Bavière, Louis III, en 1921, trois ans après avoir été déposé. Le dernier propriétaire privé fut son fils, le prince Franz de Bavière, qui fut exproprié par les communistes en 1945. Au XXe siècle, le château subit une période de déclin, avant d’être classé monument historique. Aujourd’hui, il est ouvert au public et sert de lieu de rencontre pour divers événements culturels, tout en offrant une immersion dans l’histoire hongroise. Les visiteurs peuvent explorer ses magnifiques salles, ses jardins et découvrir les récits qui ont façonné cet édifice.

Service en porcelaine aux armes des Wittelsbach, rois de Bavière © Photo Grégoire Tolstoï

La Famille Nadasdy

La famille Nadasdy, d’origine noble, a joué un rôle central dans l’histoire de la Hongrie. Elle est mentionnée pour la première fois au XIIIe siècle et a su s’imposer grâce à ses alliances stratégiques et à sa participation active dans les affaires politiques du royaume.

Plaque aux armes des Nadasdy dans la cour du château © Photo Grégoire Tolstoï

L’un des membres les plus emblématiques de cette famille est le comte Ferenc II Nadasdy (1555-1604), un militaire et homme politique du XVIe siècle, qui a été l’un des premiers à habiter le château de Sarvar. Connu pour sa bravoure sur le champ de bataille, il est devenu célèbre pour sa lutte contre les Ottomans. Général des armées impériales, il était surnommé le Capitaine Noir. Son influence et son pouvoir se sont accrus grâce à ses succès militaires et à ses compétences diplomatiques.

La famille Nadasdy a également été reconnue pour son patronage des arts et de la culture. Au fil des ans, elle a rassemblé une collection d’œuvres d’art précieuses, attirant des artistes et des intellectuels de toute l’Europe. Les Nadasdy ont su transformer leur château en un lieu de rencontre privilégié pour les penseurs de l’époque, renforçant ainsi leur statut social et culturel.

Le comte Ferenc II Nadasdy (1555-1604), chef de guerre © Wikipedia Commons

Cependant, l’histoire de la famille Nadasdy est également marquée par des drames et des controverses, notamment en raison des événements tragiques liés à Elisabeth Bathory, leur belle-fille. Ce lien a souvent obscurci l’héritage de la famille, mais il témoigne de la complexité des relations sociales et politiques à cette époque.

La comtesse Elisabeth Bathory, archétype vampiresque

Elisabeth Bathory, née en 1560 dans une famille noble, est l’une des figures les plus controversées de l’histoire hongroise. Elle a épousé Ferenc Nadasdy, un militaire respecté, en 1575. Leur mariage a renforcé les alliances entre les familles nobles de la région, mais c’est la réputation d’Elisabeth qui a captivé l’imagination populaire. Après leur mariage, Ferenc et Elisabeth vivent au château de Sarvar.

Au château de Sardar, une sirène soutient le meuble © Photo Grégoire Tolstoï

Après la mort de son mari en 1604, Elisabeth se retire dans le château de Csejte, où elle commence à se livrer à des pratiques étranges et inquiétantes. Des rumeurs commencent à circuler sur des meurtres et des rituels macabres, qui seraient liés à sa quête de la jeunesse éternelle. Selon la légende, elle aurait cru que le sang de jeunes filles pouvait préserver sa beauté. Ces actes horribles ont conduit à son arrestation en 1610 et à un procès sensationnel, au terme duquel elle fut condamnée à être enfermée vivante dans son château de Csejte, actuellement en Slovaquie. Seule un guichet dans la porte de sa chambre permettait qu’on lui donne de la nourriture.

Un des magnifiques poêles en faïence du château, typique de l’Europe Centrale © Photo Grégoire Tolstoï

Les témoignages de ses victimes, ainsi que des preuves accumulées, ont conduit à des accusations accablantes. Bien que certains des récits aient été amplifiés au fil des siècles, le mythe d’Elisabeth Bathory en tant que « comtesse sanguinaire » est né. Elle est souvent considérée comme l’une des premières figures de la culture gothique, une inspiration pour de nombreux auteurs et cinéastes à travers les âges.

Malgré son passé tumultueux, Elisabeth Bathory reste une figure fascinante et complexe. Son histoire soulève des questions sur le pouvoir, le genre et la perception de la femme dans une société patriarcale. Elle est également emblématique d’une époque où la frontière entre réalité et légende était souvent floue. On ignore le nombre exavt de ses victimes, en majorité des très jeunes filles. Probablement des centaines.

La comtesse sanglante Elisabeth Bathory (1560-1614), tueuse en série, épouse du comte Nadasdy, portrait par Zay © Wikipedia Commons

Aujourd’hui, le château de Sarvar, tout en étant un lieu de beauté architecturale, est également un témoin des sombres récits du passé. Les visiteurs qui explorent ses salles peuvent ressentir l’écho des histoires qui ont hanté ses murs, notamment celle d’Elisabeth Bathory.

Costumes magyares exposés au château © Photo Grégoire Tolstoï

Un château à visiter sur les traces d’Elisabeth Bathory

Le château de Sarvar est bien plus qu’un simple monument historique ; il est le reflet de l’histoire tumultueuse de la Hongrie et de la riche lignée des Nadasdy. En parcourant ses couloirs, on plonge dans un monde où le pouvoir, la légende et la tragédie s’entrelacent. La comtesse Elisabeth Bathory, figure centrale de cette histoire, incarne les complexités de son époque, oscillant entre le mythe et la réalité. Aujourd’hui, ce château attire des visiteurs en quête de mystère et de découverte, préservant ainsi un héritage culturel fascinant pour les générations futures.

Le site du château pour organiser vos visites à Sarvar en Hongrie

Le château Nadasdy à Sarvar en Hongrie :


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