« Au fil de l’or », une éblouissante exposition au Quai Branly – Jacques Chirac
« Au fil de l’or », ou l’art de se vêtir avec élégance, de l’Orient au Soleil-Levant, une éblouissante exposition qui débutera le 11 février 2025 au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac.
Illustration de l’article : Armure guerrière nükao, Chine Début du 20e siècle, Satin de soie brodé, coton, filés organiques dorés et argentés, fils de soie, miroirs, pampilles en cuivre © musée du quai Branly – Jacques Chirac
Qui mieux que le Président du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, Monsieur Emmanuel Kasarhérou, peut mieux présenter ce projet ambitieux et élégant : « L’or viendrait du ciel, d’hasardeuses et violentes collisions ou explosions d’étoiles qui auraient éparpillé une poussière dans l’univers, jusqu’à la Terre et jusqu’aux Hommes. Le chatoiement des pépites à la surface des rivières est le premier indice, le premier contact avec l’être humain qui les contemple comme des morceaux de soleil, un échantillon du divin à apprivoiser, à faire sien. Il lui consacre des mythes, lui confère une valeur, se rue à sa poursuite, obsédé par sa couleur, son aspect et sa mystérieuse lumière, incandescente promesse d’immortalité. Une étape, peut-être, semble aller plus loin encore dans ce désir de faire corps avec l’or : celle de s’en vêtir.
Robe de mariée en or traditionnelle chinoise © Guo Pei, Chine. Photo Minghua LI, Chine
Avec Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant, le musée du quai Branly – Jacques Chirac a souhaité convier le visiteur à un éblouissant voyage dans la matière, le temps et les géographies ; dans la sublime épopée de l’or délicatement mis au service de l’élégance. Si, sous toutes les latitudes, se couvrir relève d’un savant dosage entre l’utilitaire, l’artistique et le symbolique, concevoir des vêtements qui entremêlent l’or et les fibres ne peut être un acte anodin. Alors, des bords de la Méditerranée aux confins du Pacifique, des appliques d’or millénaires découvertes à Varna au fil Lurex® – un fil de fantaisie aux effets métallisés –, l’exposition propose de partir sur les traces de ces sociétés au sein desquelles orfèvres et tisserands conjuguent leurs talents pour produire à la fois des œuvres textiles de prestige et des témoignages historiques de traditions parfois très anciennes.
Costume de mariage. Le Caire, Égypte. 1880. Satin, cannetilles, fils métalliques dorés (?) © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon
Bien qu’Au fil de l’or se déploie à la manière d’une frise chronologique, comme
on dévoile une étoffe, elle reste néanmoins ponctuée d’heureux anachronismes. Des pièces exceptionnelles de la créatrice de mode chinoise Guo Pei, pour certaines inédites, jalonnent la visite tels de brillants paroxysmes de ce qu’avec de l’or et du tissu l’être humain peut exprimer d’émotion. Heureux anachronismes, donc, parce qu’elles balisent le parcours de magnifiques évocations contemporaines, mais aussi parce qu’elles rappellent que ce patrimoine vestimentaire se revigore sans cesse et inspire toujours autant la créativité.
Christian Dior par John GALLIANO (né en 1960). Haute couture printemps-été 2004 © Dior, Photo Laziz Hamani
Part importante des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac, les textiles, outre leur intérêt esthétique indéniable, apportent de précieux éclairages sur les structures sociales et les systèmes de valeur des sociétés dans lesquelles ils apparaissent. Ces secrets à débusquer au-delà du fil sont tressés de savoirs que le musée s’attache à valoriser et à faire connaître avec l’exigence constante de reporter l’attention, à l’heure des machines et des nouvelles technologies, sur l’artisanat d’art, alliance de l’œil et de la main.
Caftan d’apparat. Rabat, Maroc. Fin du 19e siècle-début du 20e siècle. Filés métalliques, broché de soie, galons dorés © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Claude Germain
Pour la splendeur de son projet, ses choix esthétiques, sa rigueur scientifique
et l’histoire passionnante dont elle se fait la conteuse, je tiens à adresser mes plus chaleureux remerciements à Hana Al Banna-Chidiac, commissaire de l’exposition, qui a su lier son érudition et son énergie dans son effort de transmission. Dans un même élan de reconnaissance, je salue Magali An Berthon, commissaire associée et professeure assistante en Fashion studies à l’American University of Paris. Si elle n’assure pas le commissariat, la collaboration de Guo Pei et de sa Maison demeure essentielle. Je lui exprime ici ma gratitude, pour son talent admirable et sa disponibilité. L’exposition n’aurait par ailleurs pu se faire sans les prêteurs, précieux partenaires des quatre coins de l’Hexagone, d’outre-Manche, d’outre-Rhin et d’Asie.
Caftan. Tlemcen, Algérie. Début ou milieu du 19e siècle. Velours, filés métalliques dorés © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon
Les pages du catalogue témoignent de l’expertise de celles et ceux qui les ont noircies. Leurs textes éclairent le lecteur dans sa promenade entre le Maghreb et le Japon, dans l’histoire de l’or et des arts textiles. Cet ouvrage à la fois guide et bel objet, tisse méticuleusement savoir et beauté en un même ensemble. Sa lecture, avant ou après la visite de l’exposition, amène finalement à comprendre comment l’Homme, à travers le vêtement, est parvenu à cet ultime embellissement : se parer de fragments d’étoiles.
L’exposition « Au fil de l’or » sera visible du 11 février au 6 juillet 2025.
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