La Galerie à Liège est un foyer de cultures multiples et variées. Liège, Cité Ardente, perpétuel chantier, Liège la Décadente, Liège la Fauchée, Liège la Sinistre. Mais Liège la Vivante !

Facile d’aligner des adjectifs à la suite du nom de ce dédale de briques noircies encombrée par les travaux. Mais au milieu de tout ceci, près du centre, se dissimule avec modestie une ASBL touche-à-tout dont la curiosité s’étend à tous les domaines artistiques connus. Son nom : La Galerie.

La Galerie à Liège

                      
Titre modeste mais concis, l’enseigne de l’endroit renseigne bien sur son contenu. La Galerie expose des artistes de tout poil depuis près de dix ans. Dernière survivante parmi les vitrines closes qui, jadis, donnaient à ce lieu si bien dissimulé une vie propre, cette ASBL expose actuellement une série de talents -jeunes et moins jeunes- unis autour des thèmes de la peinture et du noir et blanc.

Sans plus attendre, ouvrons le menu

Productive, Fabienne Platteborze occupe un vaste espace de l’expo avec ses peintures aux formes étranges et envoûtantes : arabesques, nuages, flaques, gouttes, aplats et écoulements composent ses toiles, à la façon de cartes picturales aux contrastes puissants et aux textures multiples.

© Fabienne Platteborze

Sans prise de tête et sans cibler un objectif professionnel, cette dame au caractère enjoué n’en est pas moins en passe de devenir indépendante. Habituée des regroupements de rêveurs plastiques, Madame Fabienne évolue à merveille auprès de ses collègues plus jeunes. Elle n’est cependant pas seule. Son compagnon, Toro, se fait bon cavalier au bal des artistes.

Plus « manuel », ce discret mais créatif récolteur de bois flotté coupe, ponce, polit, vernit, vitrifie et compose avec ce que la mer et l’urbanisme ont de mieux à lui laisser. Sa production tranche avec humour sur la provenance « crade » de ses produits.

© Toro Platteborze

Constamment poussé par un attrait culinaire, Toro Platteborze a débarqué dans l’expo avec des compositions originales, pleines d’humour et d’innocence : sculpture de poissons, steaks de bois, lampes faites-main… Dur de ne pas observer la délicatesse et l’excellente présentation de ses petites œuvres « de bric et de broc », aux tonalités automnales et aux formes ô combien homogènes.

© Alexia Verstraelen

Deux murs plus loin, c’est Alexia Verstraelen qui attire le public. Tout en cercles, rayonnant malgré les masses de noir, distinct dans son humilité, fort dans sa simplicité, le contenu de ses œuvres hypnotise sans peine les fanatiques d’astrologie. Inspirée par les étoiles, les planètes et le cosmos depuis toujours, Alexia, rodée par de multiples expositions liégeoises, expose sans honte un travail candide et détaché, sans explications complexes et sans le moindre angle pour agresser le regard.

Petite nouvelle sur la scène artistique, Camille Stregnaerts, proche amie d’Alexia, expose non sans succès une modeste, abondante et propre série d’impressions abstraites obtenues d’après observations. Des petits riens qui composent le décor d’une forêt aux grands points de vue qu’offrent le moindre paysage, la jeune graphiste copie, imite, détourne, s’approprie les formes de ce qui l’entoure et les compacte en aplats nets, tranchés et ciselés.

© Camille Stregnaerts

Plus démonstratif, Gaëtano Grisafi accapare sans peine l’attention avec ses ambitieuses toiles mêlant modèles nus et architectures gothiques. On serait d’abord tenté de croire en l’absence de lien entre les deux composants, mais c’est sans compter sur la détermination d’autodidacte qui anime le plasticien : chaque modèle posant pour lui possède son histoire, dont les parties les plus sombres inspirent des poses humbles, mais puissantes, que Grisafi accentue en y mêlant arches, voûtes et ogives dont les églises et les cathédrales de nos voisins germains seraient fiers.

A la façon d’un Alan Lee, Gaëtano a su donner à la roche et aux audacieuses constructions un rendu organique, une texture vivante proche de nos propres corps, et dont l’aspect s’amalgame à merveille aux formes de ses « muses ».

En ouverture plutôt qu’en conclusion, ajoutons que ce savoureux banquet de talents divers et variés prend corps dans un contexte particulier : celui de la revitalisation de la Galerie Opéra. Rafraîchie à grands frais -pari risqué- par les ventes de l’ASBL, l’étage, désormais muni d’une cafétéria, est de nouveau l’un des refuges favoris des étudiants, notamment de l’ULiège.

Les initiatives locales seraient-elles la clef pour donner un second souffle au centre-ville ?

Adresse de la Galerie Opéra : Place de la République Française, 4000 Liège, Belgique

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