Au fil du temps, il a fallu en découdre pour que les femmes s’émancipent dans leurs vêtements. Ce sont des milliers d’années qui séparent les premiers habits qui ne servaient qu’à cacher la peau à ceux d’aujourd’hui libérant la femme. Mais comment tout a commencé ?

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De la Préhistoire à nos jours, la mode féminine a énormément évolué, mais a aussi été remise en question notamment à cause de l’émancipation qui en découle. Nous sommes passés de l’époque des robes longues et encombrantes, à celle des robes plus légères, des mini-jupes et pantalons, ces derniers étant jusqu’alors exclusivement réservés aux hommes. C’est grâce à quelques femmes qui ont marqué leurs temps que nous pouvons nous habiller comme on le souhaite à l’heure actuelle. En-tout-cas dans de nombreux pays dont la Belgique.

Les quelques femmes qui ont fait évoluer la mode de façon radicale sont : Agnès Sorel, Rosa Bonheur, Coco Chanel, Marilyn Monroe, Brigitte Bardot, la princesse Diana et bien d’autres.

Ce sont ces femmes qui sont à l’origine du décolleté, du pantalon, des bikinis, des ballerines et des tenues plus légères et sexy. C’est grâce à elles que nous avons le pouvoir de nous habiller tel qu’on le souhaite et que nous pouvons mettre nos formes, notre morphologie en avant. Il leur a fallu du courage pour sortir des cases vestimentaires dans lesquelles étaient mises les femmes au sein de la société. À noter que la religion catholique et musulmane ont aussi contraint les femmes dans leur façon de se vêtir.

Voici comment la mode a évolué pour les femmes à travers les époques

Préhistoire

Durant la Préhistoire, l’habit était alors fonctionnel. C’est-à-dire que les hommes comme les femmes étaient vêtus de peaux d’animaux qui avaient pour but de les réchauffer et comme la pudeur existait déjà, autant faire d’un silex deux coups. Les femmes étaient vêtues plus légèrement et portaient des colliers faits de dents et de fils à partir de ligaments d’animaux. Déjà à cette époque, le but principal de la femme est de se faire coquette pour plaire aux hommes. C’est bien plus tard qu’elles se feront belles pour elles-mêmes avant tout.

L’Antiquité

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À l’époque romaine, les femmes portent une tunique en lin ou en laine. Les femmes mariées portent une robe différente : plus étoffée et plus longue. Elles portent une écharpe longue et fine pour se protéger des rayons du soleil. Les tissus croisés sont les premiers sous-vêtements, soutiens-gorge aussi à l’époque. Elles portent des sandales élégantes et fines appelées « Saalburg » qui sont en avance sur leur époque. Les vêtements sont blancs dans un premier temps, puis varient et prennent de la couleur et du motif. Le corps est libéré du corset et s’inspire du style de la Grèce Antique. On offre une liberté de mouvements et de gestes avec des robes à voile. Les cheveux sont coiffés à la manière d’Agrippine et d’autres déesses, mais aussi de manière courte pour les plus vaillantes.

Moyen-âge

Au Moyen-âge, la taille de la femme se doit d’être fine et sa poitrine opulente et mise en avant. Au XIVe siècle, on cherche à impressionner la Cour royale, principalement en France. On a du matériel de qualité et d’exception. Et plus une femme est bien habillée, plus sa classe sociale est élevée. C’est donc une façon de se démarquer par rapport aux autres. Les décolletés sont vus comme outranciers par l’Église. Mais c’est sans compter sur Agnès Sorel qui fut l’une des premières femmes à porter des décolletés plongeants et renversants à l’époque du XVe siècle. Elle permet aux seins de respirer et de se libérer de l’oppression qui existe à cause des robes et corsets remontants.

Temps Modernes

Au XIXe siècle, avec l’époque Victorienne, arrive le corset moderne pour les femmes. En effet, les premiers corsets, recouverts de métal, sont créés en 1700 avant Jésus-Christ. Ils ont pour but d’affiner les hanches et de remonter la poitrine. On découvre dans les années 1800-1900 la dangerosité de ce type de corset pour les femmes et leur système digestif, mais aussi pour leur fertilité. Le fait de comprimer les hanches de cette manière perturbe l’emplacement des organes et peut même causer la mort de certaines femmes. Son invention est donc purement esthétique, d’où l’adage « il faut souffrir pour être belle ».

©L’histoire du corset / Getty Images

Cela a bien évidemment été remis en question et les femmes ne sont plus à ce point, prêtes à tout pour être belles.

Le corset est une façon supplémentaire « d’enfermer » la femme et c’est la réduction voire la disparition de ce dernier qui fut un signe de libération du corps. Une révolution pour la femme naît quant au XIXe siècle, George Sand et Rosa Bonheur signe un papier de travestissement afin de porter un pantalon dans le cadre de leur travail.

Au 20e siècle, la mode autrement

C’est le siècle des lumières, mais aussi celui de créateurs de mode tels que Chanel, Yves Saint-Laurent, Dior ou Lanvin.

Coco Chanel est une styliste et couturière qui a énormément contribué à l’émancipation et à la liberté vestimentaire de la femme. C’est l’une des premières à revendiquer le port du pantalon, mais aussi a customiser des chapeaux élégants et modernes avec des plumes, strasses et perles en tout genre. Elle revêt un style classique, chic et affirmé. Telle était son ambition : représenter les femmes de manière assurées, confiantes et élégantes. Elle permet notamment l’indépendance de la femme avec un style « garçonne », en éliminant la taille fine imposée par les corsets et en offrant aux femmes un look plus décontracté. Après la guerre, période durant laquelle on les pousse à perpétuer l’espèce pour repeupler la France, elle crée des tenues qui prônent leur désir d’indépendance.

Ce serait dans les années 20, après la fin de la Première Guerre mondiale que l’on a réellement pu parler de mode, à travers des robes chemise. Les femmes se mettent en valeur et prennent le pouvoir en s’émancipant. Le corset est progressivement délaissé, libérant ainsi la taille, les seins, le corps des femmes. C’est une certaine révolution politique, liée à l’indépendance d’après-guerre où elles n’ont pas d’autres choix que de se débrouiller. C’est le réel début de l’émancipation. La coupe « garçonne », en matière de coiffures, fait son apparition et devient le symbole des années folles.

Dix ans plus tard, nous régressons et faisons un pas en arrière en arborant des tenues plus strictes, en accord avec les valeurs familiales afin de les « préserver » lors de leurs sorties. Il faudra attendre les années 40, pour que tout cela se modernise et se décontracte un peu plus.

Cependant, le contexte de la guerre 40-45 contraint les femmes à s’habiller de façon plus « militaire ». Les maisons de couture sont alors mises en stand-by. C’est à la fin de la guerre que les femmes s’habillent avec des vêtements plus cintrés mettant en valeur la morphologie de leur corps. C’est à Paris, capitale de la mode, qu’elles prennent plus de liberté. C’est notamment le fait d’avoir protégé leur foyer pendant que les hommes étaient au front qui leur ont permis de radicaliser leur façon de s’habiller après la guerre. À l’époque, Christian Dior, n’était pas très connu, mais invente dès lors la jupe « crayon » qui redessine les fesses et la taille des femmes et devient l’un des pionniers de la lingerie coquine féminine.

De nombreuses femmes ont marqué l’histoire de la mode et de son évolution

Marilyn Monroe a bouleversé la conception de la féminité et de la mode pour les femmes dans les années 50. Elle crée le style pin-up que les femmes tentent alors d’imiter. Elle porte des bustiers, des robes longues et moulantes. Cette nouvelle mode dénudée, créée par une femme, choque à son époque. Elle libère les femmes en leur permettant de vivre pour elles, et non en fonction du regard des hommes. La fameuse « Subway dress » dans le film Sept ans de réflexion lui vaudra à la fois de l’admiration et quelques critiques. Ses décolletés vertigineux ou ses pulls en maille annoncent une révolution de la mode.

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Brigitte Bardot n’a aucun problème à dévoiler sa peau. C’est cette star glamour qui, dans les années 50-60, dénude ses épaules, son buste, laisse entrevoir son ventre et ses épaules dans des bikinis plus accessibles et décolletés. Elle est la pionnière du bandeau, des ballerines, mais aussi de la marinière. Elle porte à merveille le look garçonne grâce à des costumes et pantalons laissant apparaître ses chevilles. C’est dans son film phare « Et Dieu créa la femme », qu’elle danse sensuellement dans des robes de style espagnol, de manière plus ou moins dénudée, ce qui choque le Vatican, mais aussi les hommes et femmes de son temps.

En effet, dans les années 50, cela était vu comme un péché et de la provocation. Il fallait oser et elle osait. Et cela a permis la libération de la femme quand du point de vue vestimentaire, elles étaient toujours vêtues de manière à cacher la moindre parcelle de peau. Elle est à l’origine des vêtements qui laissent deviner une taille fine et une poitrine assumée.

Dans les années 60, les femmes peuvent enfin s’habiller à des prix démocratiques. On crée des smokings (Yves Saint-Laurent) et on revendique le pantalon pour mettre en avant une égalité hommes-femmes. Talons hauts et bijoux apparaissent alors de plus en plus pour accompagner le vêtement.

Les hippies révolutionnent l’univers d’après-guerre de la mode, avec des chemises décontractées et des pantalons colorés, des fleurs dans les cheveux, des colliers bohèmes et des lunettes de soleil ultra cool. Dans les années 70, les femmes portent des jupes en jeans, des pantalons « pattes d’éléphant », avec des habits notamment de style bohème. Cette période est non loin de la guerre et marque l’envie d’être libre à tous les niveaux. Les vêtements des femmes sont plus légers et plus amples, plus fleuris et atypiques. Symbole de paix et d’émancipation.

Les années 80, nous avons des vêtements fort colorés, originaux, ornés d’accessoires et voyants. Mais aussi des vêtements plus classiques tels que des tailleurs avec des jupes ou jeans. Julia Roberts portait déjà des costumes et tailleurs, à cette époque.

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Les années 90 s’accompagnent de sweats, de t-shirts, jeans, des vêtements déchirés, de tops et de cropped tops afin de montrer fièrement le ventre et le nombril. Certaines femmes ne portent plus de soutien-gorge et elles n’ont pas peur des « Qu’en dira-t-on ? ». Le regard porté sur elles est nettement moins sévère que de nos jours face à une telle liberté.

On peut dire de façon globale que depuis les années 60, elles sont plus libérées et s’assument, ce qui laisse moins la possibilité au jugement et à l’oppression. La princesse Diana a marqué les années 90 grâce à sa « Revenge dress » : une magnifique robe noire dénudant ses épaules avec un collier de perles et diamants et une paire de collants noirs. Sa tenue a pour but, d’attirer l’attention sur elle après sa rupture avec son ex-mari, mais aussi de revendiquer son indépendance.

Dans les années 2000, les vêtements que portent les femmes sont des vestes en jeans, pantalons ou jupes à clous, pantalons « pattes d’eph », robes avec baskets ou leggings. Des personnalités comme Rihanna ont un look à la fois pop, sexy et décontracté. Ou comme Lady Gaga ont des talons de 30 cm et des tenues très originales et déjantées.

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Maintenant, la mode est beaucoup plus diversifiée et libérée. Les femmes portent des robes longues ou courtes mettant en valeur leur corps, des jupes longues ou mini, des t-shirts comme des gilets, pulls, sweats, pantalons ou jeans, des body, des cropped tops, mais aussi des tailleurs. Les femmes sont beaucoup plus libres, cependant, il arrive qu’on leur demande encore des comptes sur leur façon de s’habiller. La mode, quant à elle, est cyclique.

Elle dure environ dix ans et ce qui était à la mode dans les années 60 ou 70 a tendance à revenir à l’ordre du jour. Par exemple, avec les vêtements aux motifs Vichy à la Brigitte Bardot ou les cuissardes qu’elle portait dans le cadre de son clip « Harley-Davidson ». Les modes de l’époque reviennent, mais les vêtements sont portés de façon différente, en accord avec notre temps. Le pantalon au départ n’était réservé qu’aux travailleurs, ce n’est qu’après que cela a changé.

La mode actuelle et du futur

Aujourd’hui à l’aube de l’année 2023, la mode a beaucoup changé pour les femmes. Avant, nous mettions surtout les femmes minces en avant. Que ce soit dans les publicités, les magazines ou même aux vitrines des magasins. De nos jours, la mode est plus diversifiée et la majeure partie des femmes parviennent à s’y identifier, tant au niveau des multitudes de tailles mises en avant qu’aux styles divers. De grandes chaînes de magasins telles que H&M offrent la possibilité aux femmes de toutes morphologies et tailles confondues et à mobilité réduite de paraître dans leurs publicités. En 2014, un défilé Chanel est créé par le styliste Karl Lagerfeld avec Cara Delevingne en tête d’affiche, afin de rappeler la liberté des femmes de s’habiller comme elles le désirent.

En 2020, un retour dans les années 90 s’installe durant la période de confinement. Beaucoup de femmes délaissent leurs soutiens-gorge au profit d’un confort inégalable et inébranlable. Elles se rendent compte des bienfaits du retrait de ce dernier pour leur santé mentale et physique. Adieu la pression sociale et bonjour à la reprise du pouvoir sur son propre corps.

Il est utile de se souvenir que même si beaucoup de choses ont évolué positivement, l’émancipation de la femme n’est pas acquise et peut être remise en question à tout instant. En effet, beaucoup de créateurs luttent encore contre le harcèlement sexuel dans leurs créations. Cependant, en prenant du recul sur l’évolution de la mode pour la femme, nous réalisons que nous sommes sur la bonne voie.