Cet article est dédié à Mrikolo, un autre talent en devenir avec une grande capacité créatrice et un atypisme certain, la bipolarité.

Comme la bipolarité est la particularité du musicien que nous avons cette fois-ci interviewé, nous ferons un point sur quelques célébrités du monde musical qui présentent la même caractéristique. Puis nous nous entretiendrons avec ce musicien dont le pseudonyme est : Mrikolo. Un musicien créatif ayant plusieurs facettes, parfois victime de ses émotions et parfois incroyablement performant grâce à celles-ci. Vous aviez déjà pu suivre précédemment le parcours de P’tit H et découvrir ainsi un jeune talent musical.

Les artistes revendiquant ouvertement leur bipolarité

Demi Lovato est une chanteuse et actrice américaine contemporaine. Elle a dévoilé au public sa bipolarité et participe activement à la campagne « BE VOCAL SPEAK UP FOR MENTAL HEALTH » qui vise à sensibiliser tout un chacun aux troubles psychiques et tenter de mettre fin aux fausses informations. Elle encourage et soutient les personnes souffrant de troubles de l’humeur similaires. En effet, les statistiques parlent d’elles-mêmes, une personne sur huit souffrirait d’un trouble mental selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

Demi Lovato © ticketmaster.ch

D’autre part, Kurt Cobain, Sting, Axl Rose, Sinead O’Connor, Britney Spears et bien d’autres encore seraient, ou auraient été, atteints de troubles bipolaires. De nombreuses célébrités souffrant de cette maladie ou d’autres troubles psychiques ont eu hélas recours au suicide. Aussi, depuis quelques années, certaines célébrités affichent clairement leur pathologie pour sensibiliser le monde à ce sujet. Elles s’efforcent de soutenir les individus en souffrance psychique. De plus, le processus d’identification du public aux célébrités entraîne ainsi une compréhension nettement meilleure de ce type de pathologies.

Ces dernières sont encore très mal vues ce qui contribue à ce que perdurent des stéréotypes affreux entraînant une psychophobie (dite sanisme) latente. La pratique de la musique est thérapeutique puisqu’il est prouvé qu’elle permet de réduire le stress et apporte une amélioration significative au niveau cognitif, émotionnel, psychique et même physique. Mais les médias et les séries en parlent davantage, comme actuellement dans Crowded Room.

La musique comme exutoire : entretien avec Mrikolo, artiste atteint de bipolarité 

Mrikolo est un chanteur, compositeur, interprète et guitariste en situation de handicap psychique qui se produit dans la rue principalement. Sa musique est riche en émotions, il n’a de cesse de jouer sur les mots et est un véritable passionné, habité par des sentiments exacerbés, et riche d’une grande expérience musicale. Parallèlement, il exerce le métier fascinant de magnétiseur.

Mrikolo © Mrikolo

Qu’est ce qui vous a orienté vers le monde musical ?

Ce qui m’a orienté vers la musique c’est avant tout les titres que j’écoute depuis l’enfance, pour tout vous dire ! Notamment les textes, surtout rappés ou de variété française, que j’affectionne tout particulièrement. J’ai toujours aimé la musique et les auteurs à textes pour les messages qu’ils véhiculent à travers leurs écrits auxquels je m’identifie réellement.

Quels sont les artistes qui vous ont inspirés ?

Je suis plutôt éclectique, aussi j’adhère à une grande diversité de styles musicaux tels que le rap avec mon idole Keny Arkana, la variété avec Cyril Mokaiesh ou encore Damien Saez, un peu plus rock… mais j’adore de nombreux artistes et les admire considérablement.

Depuis combien de temps jouez-vous de la guitare ?

Irrégulièrement et en autodidacte, depuis plus d’une dizaine d’années. Je n’ai pas eu la chance d’avoir un musicien dans ma famille, c’est donc une passion solitaire et tardive, hélas!

Mrikolo © Mrikolo

Comment définiriez-vous votre style musical ?

Je suis beaucoup trop influencé par mes humeurs. De ce fait, mes phases down (épisodes dépressifs) ou up (épisodes exubérants) me rendent plus créatif que mes périodes neutres. Je fais, enfin je le pense, de la variété française. Je parle couramment l’anglais mais je suis plus attiré par l’écriture de textes en langue française, ma langue maternelle.

Qu’aimeriez-vous apporter aux gens qui vous écoutent ?

La puissance de mes émotions atypiques, je dirais, et un motif d’évasion. Après tout, c’est le but de la musique, non ? Peut-être aussi une possibilité de s’identifier avec des textes qui parlent. J’aime aussi la répétition comme un martèlement dans les esprits, comme une émotion trop forte qu’on aime à répéter dans un balancement itératif. Comme quand on perd la raison. Dans qui d’autre ? c’est un sempiternel refrain au travers duquel je joue avec le sens des mots, des sonorités. Aussi faudrait-il savoir à qui s’en prendre. Il ne faut pas oublier que les mots sont de simples indicateurs avec toute la futilité que cela implique !

Qu’est-ce qui a inspiré votre création musicale ?

Ma petite expérience de trente-cinq années, par conséquent mon vécu, assurément ! Mais aussi des situations, des individus, puis surtout l’envie de transmettre un ressenti, une émotion et extérioriser avant tout.

Mrikolo © Mrikolo

Parlez-nous un peu de vos chansons

Au secours est une évocation de la souffrance ressentie lors d’une rupture amoureuse. Ya quoi c’est un questionnement sur le pourquoi nous sommes là et comment l’accepter. Dans Jlaisse faire on s’extériorise avec les mots, mais également avec l’inspiration et l’expiration. Avec Diplôme j’avais envie de mettre l’accent sur l’importance de la période scolaire et les rencontres qui en découlent plutôt que sur l’obtention d’un quelconque diplôme.  Avec Peur ou désir j’essaye d’appuyer sur le fait que la présence de la peur ou du désir est un dysfonctionnement omniprésent dans la vie de chacun, à mon sens.

Avez-vous déjà joué d’un autre instrument ?

Non, j’adore les artistes seuls avec leur guitare, comme Saez, Pauline Croze, Gaël Faure.

Qu’est ce qui vous inspire dans la vie ?

Je dirais la recherche toujours plus profonde du bien-être car on a tous ce travail à faire sur nous, c’est-à-dire trouver son équilibre parfait par le sport, la musique, la méditation, la lecture, bref c’est sans fin !

Qu’est ce qui vous a freiné dans votre avancée musicale ?

Avant tout ma santé, mais je ne crois pas au hasard, tout nous mène quelque part, on a tous un chemin avec ses obstacles à affronter.

Décrivez-nous votre processus créatif

Je dirais que j’ai quelque chose qui sort de moi quand je joue avec les paroles qui l’accompagnent. Ça sort un peu tout seul, j’aime cette sensation par laquelle l’inspiration vient d’elle-même sans la rechercher. Souvent je me laisse emporter par le son de la guitare et je me lance dans une improvisation quasi-totale, en ayant seulement griffonné quelques mots sur une feuille !

Mrikolo © Mrikolo

Êtes-vous présent sur les réseaux sociaux ?

Surtout YouTube, j’y avais mis mes chansons avant tout pour moi-même.

Ressentez-vous du stress quand vous vous produisez dans la rue ?

Oui, mais je le recherche un peu et c’est une bonne contrepartie à la liberté que l’on ressent progressivement quand on est dans la rue en toute désinvolture, même si ce n’est pas vraiment autorisé.

Pensez-vous être plus performant dans vos périodes up ou down? Et après analyse, l’êtes-vous vraiment, selon vous ?

Oui, je me sens plus performant dans mes périodes up, plus créatif et motivé. Et après analyse, oui, je suis plus performant en période up me semble-t-il. En down, je ne touche plus ma guitare et je n’écris plus rien. Il m’est arrivé une fois de prendre ma guitare en up, je jouais en marchant dans la rue, j’étais révolté, j’étais délirant mais créatif. J’ai eu l’occasion de discuter avec plusieurs célébrités dans mes phases up comme Cyril Mokaiesh et Orelsan.

Pour finir, en quoi la pratique de la musique (guitare et chant) est-elle thérapeutique pour vous ?

Comme toutes les passions, celle-ci me permet d’extérioriser mes émotions et donc de m’oublier ou de me diriger vers le moment présent qui ne contient ni peur ni anxiété, en règle générale. En effet, lorsque je joue de la guitare ou que je chante, j’ai une obligation de concentration. Cela prédomine et ne laisse pas de place aux mauvaises émotions et aux pensées qui m’assaillent la plupart du temps.

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