Auteur reconnu de romans historiques, l’écrivain Ken Follett entraîne son lectorat dans les méandres de son magnum opus. Aussi torturée qu’un Allan Poe, aussi dramatique qu’un Shakespeare, aussi trash qu’un J.R.R Martin, cette histoire sombre et poignante inscrite en plein moyen-âge anglais travaille le lecteur au corps et aux sentiments.

Du coeur, de la cervelle ou des tripes ; c’est généralement l’un de ces attributs qui est attribué a une bonne histoire.

Mais les trois.. ?

Du coeur ; Une famille pauvre, que seul l’amour du père pour ses enfants et son rêve de bâtisseur préserve, à grand-peine, d’un sort atroce. De la cervelle ; Un prieur, issu d’un monastère modeste et décidé a bâtir une cathédrale envers et contre l’avis des puissants. Des tripes ; Une jeune noble, jetée à bas de son trône à l’aube de l’adolescence et contrainte de remonter toute l’échelle sociale pour honorer une promesse faite à son père.

Voilà les ingrédients de base des Piliers de la Terre, par l’écrivain-historien gallois Ken Follett. Personnellement, je n’ai eu vent de cette histoire qu’après avoir vu le trailer de son adaptation en jeu vidéo. Et puis j’ai trouvé le livre et je l’ai lu. Et devinez quoi ? J’ai très peur de tester le jeu tant l’œuvre originale m’a laissé pantois ! Le fond de l’histoire est extrêmement sombre, comme beaucoup de choses à cette belle époque du 12E Siècle anglais ; L’écrivain nous entraîne dans une épopée de plusieurs décennies durant lesquelles trois histoires tortueuses se croisent et se séparent, encore et encore, rythmées par les coups de burin dans le chantier de la nouvelle cathédrale de Kingsbridge, ville fictive dont Follett se fait l’architecte et le chroniqueur.

De fait d’architecture et de chronique, il est juste de les mentionner car l’histoire et la construction gothique meublent le décor ; à l’intérieur de Kingsbridge, vous serez submergés par l’univers laborieux d’un édifice dont les échafaudages se font témoins muets des amours et des haines de chacun, et des luttes silencieuses que mène la populace pour survivre dans l’un des plus longs et sanglants conflits de l’histoire du Royaume-Uni : la guerre dite de l’Anarchie Anglaise, qui s’étendit sur une durée de vingt ans.

Chaque élément narré est authentique ; l’auteur s’en est assuré à la suite d’un travail de documentation qui retrace toute l’histoire du conflit, jusque dans ses moindres détails militaires, sociaux et politiques.

Outre le soin apporté au background, l’une des grandes qualités de ce livre repose dans ses personnages. La diversité et la patience sont bien souvent les clefs ouvrant les portes d’un univers riche ; deux caractéristiques que l’on attribue volontiers aux protagonistes de cette oeuvre. Diversité car aucun n’est comme les autres ; bâtisseur, prieur, marchande, sauvageonne, architecte, évêque et autres comtes au coeur noir, la liste est longue. Patience, car chacun d’eux est développé avec minutie. Comme dit plus haut, la chronologie de l’histoire est longue, et vous aurez tout le loisir de vous attacher ou de détester l’un ou l’autre protagoniste, mais surtout de les voir évoluer tout le long de leurs vies.

 « Evolution », un autre mot-clef. Evolution, car que serait une bonne histoire si rien ne changeait, si il n’y avait pas de rupture, d’espoir, de périodes d’éloignement et de rapprochement, de rancoeurs et de petit plaisirs que certains font durer et d’autres s’abréger ? Muni d’une bonne dose de patience, le lecteur averti saura trouver la réponse.

À titre personnel, ce livre m’a profondément ému et je me permets de vous le recommander.

Excellente lecture ! 
           

Les Piliers de la terre de Ken Follett. 1050 pages, Editions Stock, Paris, Traduction par Jean Rosenthal.