Saint Nicolas et sa basilique à Bari
Aujourd’hui c’est la Saint Nicolas, le patron des écoliers. Mais Saint Nicolas de Myre est une personnalité bien plus riche, à qui un grand sanctuaire est dédié dans la ville italienne de Bari. Pourquoi là-bas ?
Qui est Saint Nicolas ?
Nicolas est un Grec, né vers 270 dans l’antique ville de Patare, province grecque de Lycie, aujourd’hui en Turquie. Dans la même ville est né Saint Méthode qui fut son maître, et qui fut évêque d’Olympe et de Tyr. Nicolas fut nommé évêque de Myre, pas loin de sa ville de naissance Patare. Engagé dans la lutte contre une hérésie appelée arianisme qui remettait en cause la divinité éternelle de Jésus-Christ et le dogme de la Sainte Trinité, on le voit dans cette illustration de notre article mettre son poing dans la face du prêtre Arius qui était à l’origine de l’arianisme. Pour ce geste Nicolas fut emprisonné et déchu de sa charge d’évêque. Faire le coup de poing n’est pas ce qu’on attend d’un homme de Dieu. Mais un miracle le remettra en place comme on le verra bientôt.
En reconnaissance de cet enthousiasme à défendre l’Église, l’évêque Nicolas fut canonisé après sa mort survenue en 343. Nicolas était issu d’une riche famille de chrétiens grecs, et il utilisa sa fortune pour soulager les misères des pauvres, souvent de manière anonyme. Il avait pour habitude de glisser discrètement des cadeaux dans le trousseau des jeunes filles pauvres qui se mariaient. Sa modestie finit par être connue, et peut-être souffrirait-il aujourd’hui de se savoir non seulement l’objet d’un culte très répandu, mais aussi d’être devenu le symbole du distributeur des présents.
Bien avant le Père Noël, Saint Nicolas fut traditionnellement celui qui distribuait des cadeaux aux enfants. Il continue à le faire dans de nombreuses régions du Monde, en Belgique, aux Pays-Bas, dans les parties orientales de la France, mais aussi en Italie ou en Espagne par exemple.
Un saint miraculeux
On ne compte plus les miracles attribués à Saint Nicolas, mais nous allons quand même en lister quelques-uns. Une carrière bien remplie commençant dès le plus jeune âge, et la valeur n’attendant pas le nombre des années, on dit que, alors qu’il était encore un bébé, il se tenait debout sur ses deux jambes pour recevoir son baptême. Par la suite il respectait les jeûnes prescrits par la religion en refusant ces jours-là de téter le sein maternel.
Bien plus tard, ayant hérité de la fortune de ses parents morts de la peste, il dota généreusement trois jeunes filles dont le père ruiné ne pouvait constituer une dote pour leur maraige. Le brave homme envisageait à la place de prostituer ses filles pour assurer leur subsistance. Cette histoire des Trois Vierges est rapportée dans La Légende Dorée de Jacques de Voragine.
Ayant plusieurs fois subi des persécutions, Nicolas fut emprisonné pour avoir frappé Arius, comme nous l’avons vu plus haut. Mais le Christ reconnaissant, accompagné de la Sainte Vierge, lui serait apparu dans sa geôle et lui aurait ouvert les portes vers la Liberté. Nicolas, qui n’était pas un mou, poussa ses fidèles à détruire les temples des divinités païennes, comme le temple de Diane à Myre.
Un jour que les habitants de Myre souffraient de la faim, Nicolas convainquit des capitaines de bateaux de passage de leur laisser une partie de leur cargaison de blé. Malgré cela, lorsque les bateaux arrivèrent à destination à Constantinople ils transportaient toujours la même quantité de blé. C’est ce qu’on appelle le miracle des blés.
Des marins en détresse au large de Myre prient le grand évêque, et celui-ci apparaît sur leur bateau en pleine tempête et leur rend courage. Il les aide à manœuvrer, puis disparaît quand ils arrivent en vue de Myre. Rentrés au port ils se précipitent chez Nicolas et le trouvent entourés de ses clercs. Bilocation ou miracle ? L’Église a tranché, et Saint Nicolas est depuis lors le saint patron des marins. Il est aussi le saint patron de la Russie et de la Grèce, des villes d’Amsterdam et de Bari, et bien sûr de la Lorraine où il est très vénéré. Il est le saint patron des avocats et des notaires de Paris, et de bien d’autres professions comme les kinésithérapeutes, les boulangers, les pharmaciens, les parfumeurs, les commerçants et même les prêteurs sur gage !
Il sauve aussi trois officiers de l’armée de l’empereur Constantin qui étaient injustement accusés de complot contre lui. Leurs prières portent leur fruit et Nicolas apparaît en songe à l’empereur, lui ordonnant de les libérer. Enfin, à sa mort qui survînt le 6 décembre 343, on enterra Nicolas dans un sarcophage de marbre duquel suinta rapidement une huile odorante et prodigieuse qui guérissait ceux qui en prenaient. De nombreux miracles continuèrent à arriver après sa mort.
Que fait Saint Nicolas à Bari ?
Lorsque les Byzantins perdent pied en Anatolie après la défaite de Manzikert (1071) au profit des musulmans, plusieurs villes italiennes décident d’enlever les reliques du saint de peur qu’elles soient profanées. Une course contre la montre s’engage entre différentes cités. Les Vénitiens ont envoyé un commando mais une autre expédition de soixante-deux marins envoyés par la ville de Bari arrive avant eux et exfiltre les restes du saint. Ils reviennent à Bari avec leur précieuse cargaison le 9 mai 1087. Une basilique est construite à partir de 1089 pour abriter les reliques.
Cette basilique est aujourd’hui un lieu de pèlerinage international pour tous ceux qui vénèrent Saint Nicolas. C’est un lieu de culte catholique mais qui accueille énormément d’orthodoxes en raison de l’importance du saint dans les pays de cette confession. Cette basilique est un exemple d’architecture romane du Sud de l’Italie, qui a été construite à l’époque de la conquête de la région par les Normands. De forme carrée, elle ressemble à un château médiéval, et a d’ailleurs plusieurs fois servi de refuge militaire. La ville de Bari, capitale des Pouilles, possède un centre-ville historique qui vaut la peine d’être visité.
Pourquoi Saint Nicolas est-il le patron des écoliers ?
Les distributions discrètes de cadeaux par l’évêque Nicolas en son temps ont joué un rôle très important dans cette attribution. En hollandais Saint Nicolas se dit Sinterclaes qui, lorsque les Hollandais s’installèrent à la Nouvelle-Amsterdam (New York aujourd’hui) a donné Santa Claus en anglais. Le Père Noël en découle directement.
Il est devenu le patron des écoliers, des enfants de cœur et des étudiants en général. La raison est d’origine iconographique. Vous vous souvenez du miracle des trois officiers byzantins sauvés de la mort par Saint Nicolas ? Dans les anciennes représentations du Moyen-Âge le saint est représenté de manière immense, comme un géant à côté des officiers. Puis l’interprétation de ces images a fait qu’on a pensé que les officiers étaient des enfants, vu la différence de taille avec l’adulte à côté d’eux. Et on a adapté l’histoire des officiers qui étaient emprisonnés par l’empereur, par celle d’enfants qui étaient enfermés dans un saloir, ou découpés en morceaux et mis dans un tonneau par un boucher. La légende a fait le reste.
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