30 ans après sa première parution, Les Editions Seghers viennent de re publier l’un de ses célèbres livres intitulé L’envol d’Icare (1993-2023). L’occasion  de redécouvrir l’œuvre de Jacques Lacarrière et d’écrire ces quelques lignes sur une personnalité émouvante et extrêmement attachante dont l’amour porté à la Grèce est d’une infinie beauté…

J’eus la chance de rencontrer Jacques Lacarrière il y a plus de vingt ans, lors de mes nombreuses interviews de personnalités à travers le monde. Une rencontre nostalgique et déterminante.

Comme l’écrit Jean-Pierre Luminet dans la préface de cette fascinante réédition : « Jacques Lacarrière fut assurément un fabuleux passeur du monde grec »…  « Assurer que Jacques Lacarrière fut un passionné de la Grèce serait un euphémisme. Son premier ouvrage dans ce merveilleux pays de lumière et de mer date de 1947, lorsque, faisant partie d’une troupe théâtrale d’étudiants de la Sorbonne, il était allé jouer à Epidaure. Subjugué par les lieux, il décida d’’y retourner en Juillet 1950, seul cette fois, en auto-stop.

Jacques Lacarrière © RTS

Devenu helléniste distingué, il séjourna au pays d’Hérodote et de Sophocle -à qui il consacra des ouvrages-de 1952 à 1966, y découvrant la culture grecque moderne autant que l’ancienne. C’est la publication de « l’Eté grec » chez Plon qui le fera connaître comme écrivain. Livre-univers contenant l’expression de de toutes ses passions : littérature, musique, danse, religion, mythologie, géographie, histoire ». 

Pas étonnant donc que ce soit lui à qui l’on a confié, en 2001, la rédaction du « Dictionnaire amoureux de la Grèce » (Ed.Plon). Un ouvrage splendide dans lequel on a l’immense plaisir de lire et relire ses lignes au fil de chapitres rythmés selon un choix précis de mots développés dans une liberté totale.

Jacques Lacarrière dans sa jeunesse © DR

Mais pourquoi avoir réédité L’envol d’Icare ?

Toujours selon Jean-Pierre Luminet : « L’Envol d’Icare réédité est une promenade érudite et malicieuse dans la mythologie, l’art et l’histoire…Preuves à l’appui, Lacarrière nous dévoile que les mythes ne meurent jamais, chaque interprétation nouvelle , ne faisant qu’étendre une toile tissée par les songes et les désirs des hommes.

Pour ceux qui connaissent le mythe d’Icare, c’est l’occasion de replonger dans celui-ci, ou de poser une nouvelle réflexion sur ce qu’il dévoile… ou pas. Et pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est le moment d’approcher l’œuvre de Lacarrière afin de s’initier à de longues réflexion, en tous temps essentielles, sur la véracité et la contemporanéité des mythes grecs.

La Chute d’Icare © DR

Qu’est-ce qui causa la chute d’Icare, s’interroge Lacarrière ?  A nous d’y percer les mystères et de nous interroger encore et encore, à la lumière de ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui. Tout au long de livre, Lacarrière souligne la punition de la transgression du mortel voulant s’approcher des dieux. On pourrait pousser la réflexion sur la déification des hommes tant désirée et transgressée aujourd’hui. Lacarrière nous offre ne nombreuses pistes pour interpréter le mythe d’Icare et ses variantes…

Au-delà du mythe, cet ouvrage magistral nous invite aussi à revisiter les peintres qui ont été inspirés par celui-ci : Bruegel l’Ancien, bien sûr, mais aussi Picasso, Matisse, Chagall et bien d’autres.

Jacques Lacarrière © DR

Une œuvre foisonnante 

Jacques  Lacarrière est poète, essayiste et traducteur. Son œuvre est foisonnante : une cinquantaine d’essais, romans et recueils de poésie. Parmi eux : L’Envol d’Icare, est paru une première fois chez Seghers en 1993. Citons aussi beau livre sur Le mont Athos (avec Carlos Freire, Imprimerie nationale éd.Paris, 2002) ; En cheminant avec Hérodote ( Nil Editions, Paris 2003) ; Et d’autres livres encore dont: Les Hommes ivres de Dieu (1961), Les Gnostiques (1973) ; Marie d’Egypte (1983), etc.

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Chemin faisant, de Jacques Lacarrière: